Réouverture des écoles, les masques, le STEEL: Interview de Gaël Perdriau deux jours après le déconfinement
Dans une interview pour ER NEWS France de Gaël Perdriau, Maire de Saint-Etienne et le président de Saint-Etienne Métropole s’exprime sur les priorités après la période de confinement. La réouverture des écoles, la distribution les masques pour les habitants de la Ville, le projet STEEL, voici les réponses du Maire de Saint-Etienne:
La période du confinement est finie. Quel bilan dressez-vous à Saint-Etienne concernant cette période-là?
C’était humainement et socialement une période très difficile pour les habitants mais qui a été très bien respectée, d’ailleurs, je les remercie très sincèrement, ce qui a permis d’obtenir des résultats très concrets en terme d’hospitalisation et d’accueil dans les urgences et en réanimation au siège de CHU de Saint-Etienne. Contrairement à d’autres villes et d’autres régions de France notre CHU a pu soigner tous les malades qui se sont présentés. Dans la difficulté, le comportement des stéphanois et les qualités de notre CHU et son personnel ont permis de gérer cette période avec efficacité. C’est une bonne nouvelle que notre Département a été placé en vert, parce que quand on regarde les critères, le nombre d’hospitalisation a baissé, que les urgences, les réanimations n’était pas en saturation et que le virus était moins présent.
Le déconfinement, une question aussi complexe: les écoles, les marchés, les transports en commun. La semaine dernière vous avez affiché une opposition à la réouverture des écoles. Néanmoins, vous suivez le plan de déconfinement imposé par le gouvernement. Avez-vous changé d’avis?
Non, je n’ai pas changé d’avis. J’ai souhaité dès le début de la crise sanitaire d’appliquer de manière très stricte au niveau local les mesures du gouvernement pour protéger la population. Je pense que le déconfinement doit se faire d’une manière progressive, parce que nous avons encore 330 personnes qui sont hospitalisées au siège CHU Saint-Etienne. Même si nous sommes dans une décroissance, nous sommes quand même à des niveaux relativement élevés. Le choix qu’a fait le ministre de l’Education Nationale de le scolariser que par demi-groupes ce qui est une nécessité d’un point de vue sanitaire mais qui n’a pas tellement de sens au niveau pédagogique, d’autant qu’il a ajouté la notion de volontariat. Fait que finalement il est très difficile de pouvoir suivre une scolarité normale jusqu’à la fin de cette année. Par demi groupe cela fait une dizaine de jour d’école seulement par enfant. J’ai regretté qu’en effet le gouvernement ait utilisé le confinement scolaire comme un moyen, une réponse au déconfinement économique. Je pense qu’on aurait pu proposer sans doute d’autre choses aux familles pour déconfiner et relancer, néanmoins la vie économique et sociale sans forcément utiliser les écoles pour cela. Mais le choix a été fait de rouvrir les écoles. J’ai consulté les habitants, les parents d’élèves à une grande majorité ne souhaitaient pas remettre leurs enfants à l’école, mais 40% le souhaitait. Il me semblait, en tant que maire, que mon devoir c’était de répondre aux besoins de ces familles. On a fait tous ce qu’il fallait faire depuis deux semaines pour ouvrir les écoles demain. 40% des parents c’est quand même beaucoup, on va en accueillir environ 2 000 demain et je pense qu’il était dans ma responsabilité d’apporter une réponse à ceux qui souhaitaient que leur enfant retrouve le chemin de l’école ou qu’ils n’aient pas d’autre choix. Je n’ai pas voulu en effet imposer mon point de vue au 40% qui avait besoin de la réouverture des écoles.
Parlons des masques. Vous vous êtes engagé à fournir deux masques à partir de 18 mai à chaque stéphanois. Trois entreprises stéphanois ont été retenues pour assurer la fabrication de ces masques. A ce jour, seulement une entreprise est confirmée avoir passée les tests conduits par la Direction Générale de l’Armement, les autres deux sont en cours de test. Si le 18 mai on aura pas toutes les entreprises à jour de leurs tests, comment la Ville va assurer deux masques pour chaque stéphanois?
Les courriers vont arriver cette semaine dans chacun des foyers. Les habitants vont pouvoir effectivement les retirer dans la pharmacie proche de chez eux à partir de lundi, 18 mai. Les trois sociétés que j’ai retenues sont des entreprises de tissage stéphanoises qui proposent des masques de grande qualité avec une belle finition et en toute sécurité, puisqu’elles sont toutes validées par la DGA et aux normes AFNOR. Les trois ont le certificat de l’Etat.
Quel type de masque va fournir la Ville au stéphanois, parce qu’il y a plusieurs types, avec différents niveaux de protection.
La protection de masque est entre 75% et 90% suivant les modèles. Ce n’est pas une obligation pour la ville de fournir des masques aux habitants, c’était une volonté de participer à cette effort et de les aider à pouvoir se protéger dans cette période de déconfinement et en reprenant une vie sociale. Rappelons que le masque est un complément aux gestes barrières et qui ne vient pas les substituer, ce n’est pas suffisant le masque. Il faut que chacun reste extrêmement vigilant dans ses comportements.
On parle de lobby au niveau national de la part des entreprises pour la reprise prioritaire des certaines activités après le 11 mai. Quelle est la situation à Saint Etienne ?
On a connu aussi cette pression, notamment dans le secteur du bâtiment qui souhaitait reprendre avant le 11 mai. Cela n’a pas été facile parce qu’il faut que l’ensemble de leurs fournisseurs aient repris les chaînes de travail pour pouvoir produire les matériaux et les biens nécessaire à la reprise de l’activité. On a maintenant les cafés, les restaurants qui font également une pression pour qu’ils puissent rouvrir à partir de 2 juin. Tout ceci dépend du niveau national. Je suis avec beaucoup d’attention. C’est bien au niveau du gouvernement que les décisions se prennent, pas au niveau local.
C’est le cas de STEEL aussi?
Bien sûr, le Steel c’est un projet privé. Donc, ils ont demandé effectivement de reprendre le chantier, mais comme beaucoup de chantiers du bâtiment, pour pouvoir reprendre le travail, il faut que les fenêtres à poser arrivent, que les contreplaqués soient la et j’ai pu comprendre qu’ils n’ont pas pu reprendre l’activité telle qu’ils l’ont souhaité parce qu’il manquait beaucoup de matériaux et des entreprises qui n’ont pas repris le travail. Cela a repris, mais on a eu 55 jours de confinement, il faut compter au moins 55 jours de retard dans le chantier comme pour les autres.
Propos recueillis par Elena Robu
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