(Portraits de Roumains en France) Mircea Giosan : « Beaucoup de bénévoles Roumains et Français consomment leur temps et leurs ressources pour faire la vie des Roumains plus belle et conviviale ici »
Mircea Giosan fait partie des milliers de Roumains qui ont quitté leurs pays pour s’installer en France. Après plusieurs expériences et recherches, Mircea et sa famille ont choisi Lyon comme point final d’immigration. En tant que trésorier des associations «Oriunde Lyon» et «Rhône-Roumanie» il s’implique pleinement dans la vie de la communauté roumaine de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Sur ER NEWS, Mircea Giosan témoigne sur son parcours d’immigration en France.
Quand et comment commence votre histoire d’immigration ?
En 2009, quand je suis parti à Bruxelles. Ma femme était déjà là. Après quelques années en Belgique, j’ai de nouveau changé de pays, en arrivant en France, où nous sommes restés. Ici nous avons vécu dans plusieurs villes dont Chambéry, Belley, Nice, Salon-de-Provence mais au final nous avons choisi Lyon, et nous ne la regrettons pas, au contraire, nous nous sentons très bien ici.
Comment s’est passée l’adaptation, l’intégration en France ?
L’adaptation a été assez facile, même si je ne parlais pas du tout le français. Nous avons eu la chance de rencontrer des gens de qualité partout, qui ont rendu l’expérience plus agréable. J’étais partout proche de la communauté roumaine, où je demandais et on m’offrait toujours des conseils utiles de la part de « plus expérimentés » que moi, ayant la chance de ne pas subir les mêmes erreurs qu’eux.
Le moment le plus difficile vécu à l’étranger ?
La première année a été la plus difficile. A quelques reprises, nous avons pensé très sérieusement d’abandonner et de rentrer en Roumanie. Je travaillais loin de chez moi, je passais 3 heures par jour dans plusieurs moyens de transport, le trajet était horrible. Le travail n’était pas non plus idéal. Voulant vraiment trouver mon premier emploi ici, j’ai fait des compromis professionnels, regrettés aujourd’hui, mais c’est vite passé.
Vous êtes le trésorier des Associations « Oriunde Lyon» et «Rhône-Roumanie». Quelles activités exercez-vous?
L’association « Rhône-Roumanie » a été créée en 1993 par plusieurs Français à Lyon, et a une longue tradition dans la promotion des liens culturels roumano-français. Chaque année, nous offrons, par exemple, des bourses pour les jeunes professeurs de français en Roumanie, qui ont la possibilité de passer une semaine dans différentes écoles françaises, de participer à des cours, à des activités extra-scolaires et d’avoir un accès complet à la chancellerie, avec tous les frais de séjour et transport inclus. Nous organisons des événements à Lyon où nous faisons la promotion de la Roumanie, comme par exemple « Repas de Rhône-Roumanie » le 1er décembre (la fête nationale roumaine), la rencontre de Martisor (la fête populaire au début de printemps), des concours de photographie sur la Roumanie, des concerts, des tombolas, et bien plus encore. Chaque mois, nous envoyons un bulletin par courriel aux près de 2000 Roumains de la région lyonnaise que nous avons dans notre base de données. L’e-mail contient des nouvelles de la communauté, des articles et des nouvelles sur la Roumanie publiées en France.
A côté de Georgeta Dumont et Ovidiu Vasutiu, je suis membre fondateur de l’association «Oriunde Lyon», créée en 2018. Contrairement à l’Association Rhône-Roumanie, focalisée sur les projets culturels, nous essayons, par le biais de de l’association «Oriunde Lyon», de faciliter les relations d’affaires entre les Roumains de la région. Nous sommes au début de l’aventure, mais nous avons quand même réussi à organiser en avril 2019 le premier Salon des produits et services roumains à Lyon, un événement auquel ont participé plus de 500 Roumains de la région. Cette année, en raison de la situation sanitaire, nous avons dû annuler la deuxième édition, nous espérons que l’année prochaine, au printemps, ce sera à nouveau possible. Pendant cette période particulière, nous nous rencontrons sur Zoom, où nous avons toujours des invités spéciaux, sur divers sujets. Détails sur notre page Facebook.
Toutes les activités et la gestion des deux associations sont assurées par des volontaires roumains et français, le seul « avantage » que nous avons est la satisfaction de faire quelque chose pour les Roumains de la région. Tous ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus.
Comment expliquez-vous la Roumanie à vos amis français ?
J’aime beaucoup parler de Bucovina (une région au nord de la Roumanie), l’endroit où je suis né. Je leur parle des traditions qui sont (encore) conservées dans notre région, de la montagne, du multiculturalisme de la région. Je leur parle aussi de la Roumanie en général, de notre latinité, de la langue roumaine qui doit tant à la langue française, de l’histoire de la Roumanie qui doit tant à la France. J’ai trouvé ici une terre « fertile », beaucoup de Français que j’ai rencontrés ne savaient pas grand-chose de la Roumanie.
Quelle est l’image de la communauté roumaine en France ?
La diaspora roumaine ici n’est pas très unie, même si les associations, les églises et le consulat sont actifs et organisent souvent des événements, intéressants je crois. J’aimerais que nous soyons plus solidaires et que nous poussions apprendre à d’autres communautés d’Europe de l’Est, qui parviennent à mieux «se vendre ». Étant plus visibles et plus proches de leurs associations, ils obtiennent de meilleures chambres, des financements de l’Etat, des prestations diverses, leurs problèmes individuels ou communs sont résolus beaucoup plus rapidement. Ils s’inscrivent en masse sur les listes électorales, même si tous n’ont pas la nationalité française, de sorte que leurs représentants obtiennent des élus locaux bien plus d’avantages pour la communauté concernée. Ils soutiennent davantage leurs entrepreneurs, à compétences égales, en privilégiant toujours une entreprise, un artisan ou un indépendant de leur communauté.
Comment voyez-vous l’implication de la diaspora pour le développement de la Roumanie / de la communauté roumaine ?
Tout d’abord en votant aux élections roumaines, françaises et européennes. Deuxièmement en participant à des activités et événements organisés par les Associations roumaines, les églises et le Consulat Roumain à Lyon. Il y a beaucoup de bénévoles Roumains et Français qui consomment leur temps et leurs ressources pour faire la vie des Roumains plus belle et conviviale ici, à Lyon. Enfin, nous devons avoir plus de confiance dans les produits et les services des Roumains de la diaspora. Nous devons les soutenir, surtout pendant cette période.
Le plus grand rêve concernant la Roumanie ?
Mon rêve, comme celui de nombreux Roumains de la diaspora, serait que la Roumanie se développe plus rapidement pour mieux prendre soin de ses citoyens, pour que nous puissions tous rentrer chez nous.