Moldavie : triste anniversaire d’une révolution volée – 7 avril 2009
C’est un bien triste anniversaire aujourd’hui en Moldavie. La révolution de la jeunesse, encore appelée „révolution twitter”, du 7 avril 2009 qui a définitivement fait tomber le régime communiste en Moldavie a tout simplement été volée par les partis politiques qui se sont succédés au pouvoir tout au long de ces 12 dernières années.
Alors que les Moldaves célèbrent aujourd’hui le 12ème anniversaire des événements tragiques du 7 avril 2009 au cours desquels plus de 600 personnes ont été maltraitées, détenues et cruellement battues, plusieurs ONG demandent aux dirigeants moldaves de s’excuser publiquement auprès de chaque citoyen qui a souffert directement ou indirectement lors des événements dramatiques et illégaux du printemps 2009.
Cette année marque le 12e anniversaire des événements tragiques du 7 avril 2009, au cours desquels plus de 600 personnes ont été maltraitées, détenues et cruellement battues. Détenues dans des conditions inhumaines, sans eau et sans nourriture, elles n’ont pas eu accès à une justice indépendante et équitable. Au cours de ces jours terribles, au moins cinq personnes ont perdu la vie dans des conditions suspectes. Cependant, l’État n’a reconnu qu’un seul décès, celui de Valeriu Boboc, âgé de 23 ans, battu à mort.

Le dossier «7 avril 2009 » est considéré par les ONG de défense des droits de l’homme de Moldavie comme un échec. Tous les responsables ont été acquittés ou ont bénéficié d’un arrêt des poursuites pénales à leur encontre. Tous les tortionnaires ont échappé à la justice.
Le parquet de Moldavie a enregistré et examiné 108 plaintes relatives à des crimes et abus de pouvoir commis au cours de ces événements par les autorités. Dans 31 cas, les procureurs ont déposé des plaintes uniquement à la suite de déclarations ou d’investigations menées par la presse. Sur 71 poursuites pénales engagées, 42 l’ont été pour torture et 19 pour excès de pouvoir ou abus de fonction. La Cour européenne des droits de l’homme a, au cours des dernières années, condamné la Moldavie dans 8 affaires liées aux manifestations du 7 avril 2009, alors que plus de 40 autres cas sont toujours en cours d’examen.
Douze ans après ces événements tragiques, les personnes occupant à l’époque des postes de responsabilité continuent à les occuper dans diverses institutions soit parce qu’elles ont joui de l’impunité ou qu’elles ont été acquittées par les tribunaux. Certains d’entre elles ont été promues ou sont actives dans d’autres institutions publiques à des postes à hautes responsabilités.
Les ONG condamnent l’inaction de l’État : elles exigent que les coupables de mauvais traitements et de torture lors des événements d’avril 2009 soient traduits en justice et revendiquent un statut pour les victimes de torture, jusqu’ici constamment ignorées, afin qu’elles soient enfin reconnues comme telles.
7 avril 2009 : Ce qui s’est passé
Les manifestations de Chisinau du 7 avril 2009 surnommées la « Révolte de Chisinau », ont en réalité débuté la veille pour protester contre les résultats des élections législatives du 5 avril 2009. Elles ont été suivies par une série de manifestations en écho à la révolte du 7 avril.




Le 7 avril 2009, plus de 30 000 personnes, partisans de l’opposition, sont descendues dans les rues de Chisinau pour contester la victoire des communistes aux élections. Au bout d’un moment, la manifestation pacifique a tourné en désordre violent.
Des manifestants sont entrés dans le bâtiment du Parlement où ils ont occupé plusieurs bureaux. Dans d’autres, la police s’était barricadée. Parmi les assaillants qui avaient pénétré dans l’édifice, certains individus ont jeté des meubles dans la rue et y ont mis le feu.

« Le saccage du Parlement a duré huit heures et la police n’est jamais intervenue ». Tandis qu’une partie de l’immeuble brûlait, deux équipes de pompiers contemplaient le spectacle en souriant. Un film amateur montre des policiers en uniforme cassant un claustra en béton et transportant dans des sacs des pavés déposés devant la présidence. Une autre vidéo suit les exploits d’un jeune homme en tee-shirt orange plantant, seul, sur le toit de la présidence des drapeaux européen et roumain devant deux policiers immobiles.

Profitant de la passivité suspecte des forces de l’ordre, les manifestants ont forcé la porte de la Présidence de la République, cassé les fenêtres des bureaux où ils ont volé d’importants documents (qui ont ensuite été brûlés), des meubles et des ordinateurs de l’administration présidentielle.

La police de la capitale est intervenue, utilisant des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont répondu à l’action de la police par un déluge de pierres. Au cours des manifestations, certains des protestataires ont agité des drapeaux roumains et hissé le drapeau de la Roumanie et de l’Union européenne sur les bâtiments du Parlement et de la Présidence.


Au cours de la journée, toutes les unités administratives ont été déconnectées d’Internet isolant ainsi les employés du ministère des nouvelles sur les manifestations. Le réseau de téléphonie mobile a également été bloqué dans le centre de Chisinau durant plusieurs heures.
Pendant la journée du 7 et dans la nuit de 7 au 8 avril 2009, les autorités ont organisé une véritable chasse à l’homme : plus de 600 personnes ont été malmenées, maltraitées, détenues et cruellement battues. Elles n’ont pas eu accès à une justice indépendante et équitable et ont été détenues dans des conditions inhumaines, sans eau et sans nourriture. Au cours de ces jours terribles, au moins cinq personnes ont perdu la vie dans des conditions suspectes. Cependant, l’État n’a reconnu qu’un seul décès, celui de Valeriu Boboc, agé de 23 ans, battu à mort.
Quelques années plus tard, un film réalisé par l’acteur de théâtre et régisseur moldave Anatol Durbala, dédié aux victimes des événements tragiques du 7 avril 2009 „Ce lume minunata” („Quel monde merveilleux”) a fait le tour du monde et a gagné plusieurs prix internationaux.
Vous pouvez regarder le film en cliquant sur le lien ci-dessus: (Les sous-titres en anglais, espagnol, russe, polonais)