Lutte contre le trafic de drogue: Pourquoi la Loire est-elle si touchée?

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Dans la Loire le nombre de points de deal (les lieux de vente de stupéfiants) par 100 000 habitants constitue 7,72 ce qui est au-dessus de la moyenne nationale de 5,84. Ainsi, la Loire est classé le 9ème département qui comptent le plus de lieux de vente de drogues, a communiqué ce matin David Charmatz, procureur de la République de Saint-Etienne lors d’une conférence de presse.

 

De côté de la Préfecture, l’année 2020 a été particulièrement active en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants. « Nous avons enregistré une augmentation de 26% des opérations de démantèlement qui ont été réussies et un doublement de garde à vue. En termes de saisie, cela représente une augmentation de 400 000 euros en 2019 à 600 000 euros en 2020. L’année dernière on compte 63 opérations de démantèlement de points de vente qui ont été réalisées ce qui dénote une très forte augmentation de de cette activité, de services et une augmentation des résultats », a fait savoir Catherine Séguin, la préfète de la Loire.

« C’est une priorité du président de la République de lutter sans relâche contre le trafic de stupéfiants. Les drogues gangrènent les quartiers, ruinent des vies. Nous prenons ce sujet particulièrement au sérieux et c’est un travail au quotidien partenarial qui associe plusieurs services, qui doit être aussi relever d’une coordination étroite entre tous ces services », a-t-elle communiqué.

Pourquoi la Loire est-elle si touchée?

Selon la préfète de la Loire, la situation concernant les trafics de stupéfiants dans la Loire et plus particulièrement à Saint-Etienne doit attirer l’attention.
« C’est une situation que nous constatons et qui montre à la fois un taux qui est un peu plus élevé que la moyenne nationale et qui doit attirer notre attention. Comment expliquer? La multiplicité des points de deal et une organisation qui s’est mise en place au fil des années et qui nécessite de notre part une approche et un effort constant pour pouvoir procéder à leur  démantèlement », a précisé Catherine Séguin.

 

Du côté du procureur de la République de Saint-Etienne, il s’agit d’une réalité locale, de l’action des services, d’un traitement judiciaire efficace. « Au départ, l’essentiel, ce sont les actions de service de police et de la gendarmerie qui sont sur le terrain. Ce qui est surprenant c’est qu’il y a 4 000 points de deal répertoriés au niveau national par le ministère de l’intérieur et nous en avons presque 60 dans la Loire. Cela nous classe au 9ème rang national au nombre de points de deal pour 100 000 habitants. De plus, nous avons un taux de 13,5% de dossiers correctionnels jugés pour trafic de stupéfiants, alors que la moyenne nationale pour les juridictions de la même taille que la nôtre est de 9,5%. Donc, c’est 4 points supplémentaires qui signe une réalité d’un trafic local. Cela a fait écho d’un sentiment d’insécurité que vivent nos concitoyens », a expliqué David Charmatz.

Une augmentation d’éventail des produits et une utilisation de plus en plus fréquente des réseaux sociaux

Selon le procureur de la République de Saint-Etienne, auparavant, les lieux de deal était consacré au cannabis. « Actuellement il y a des lieux de deal qui font à la fois du cannabis, de la cocaïne et puis très récemment, des paquets de cigarette frauduleux sont vendus sur le manteau et d’une provenance illégale. Nous avons constaté une augmentation d’éventail des produits susceptible d’être mis à la vente. De même, nous constatons une utilisation de plus en plus fréquente des réseaux sociaux pour orienter les clients sur des points de deal. Le confinement a certainement favorisé ce type d’orientation. La vente à la fois par correspondance a beaucoup augmenté au plan national« .

 

Pour la Police Nationale, c’est un travail de permanente adaptation. Il faut être au plus près de la réalité, notamment au plus près des trafiquants. « L’utilisation des réseaux sociaux est un nouveau mode de fonctionnement du trafic des stupéfiants que nous devons intégrer dans nos techniques d’investigations policiers. Le travail sur le terrain est indispensable. Nous ne pouvons pas démanteler un trafic de stupéfiants depuis son bureau ou en regardant les réseaux sociaux. Il faut que le travail humain soit toujours présent et prépondérant« , souligne Cédric Esson, directeur départemental de la Sécurité Publique de la Loire.

Rappelons qu’un total de 3952 lieux de vente de stupéfiants ont été recensés en France métropolitaine et en Outremer par le ministère de l’Intérieur. Les départements qui comptent le plus de lieux de vente de drogues sont la Seine-Saint-Denis (276), le Rhône (255) et le Nord (251), selon les chiffres donnés au Parisien par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Avec 34,2 lieux de vente de drogue pour 100.000 habitants, la Guadeloupe est le département où la densité de points de deal est la plus importante, selon ces chiffres.

Une plateforme pour permettre aux citoyens de signaler les points de deal

Dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, une plateforme Internet a été mise en place depuis le 3 mars pour faciliter la remontée d’informations.

Via son compte Twitter, le ministre de l’Intérieur a annoncé mercredi 3 mars la mise en place d’une plateforme permettant, à chaque citoyen le voulant, de signaler les éventuels points de deal se trouvant à côté de chez lui. Pour se faire, rien de plus simple, il suffit de se rendre sur les sites moncommissariat.fr et mabrigadenumérique. Sur les deux plateformes, la signalisation prend la forme d’un tchat ; on peut ainsi leur confier les infos qu’on juge utile de leur faire parvenir.

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