La République de Moldavie fête ses 30 ans d’indépendance. Quel avenir pour ce petit pays en quête de son identité?
La République de Moldavie célèbre le 27 août 30 ans d’indépendance, et la présidente Maia Sandu a invité à la cérémonie son homologue à Bucarest, Klaus Iohannis, mais aussi les chefs d’État de Pologne, Andrzej Duda, et d’Ukraine, Volodymyr Zelenski. La Roumanie a été le premier état à reconnaître l’indépendance de la République de Moldavie le jour même de sa proclamation.
La République de Moldavie a proclamé son indépendance le 27 août 1991, dans le contexte de l’effondrement de l’Union soviétique. C’est l’une des anciennes républiques soviétiques qui se sont séparées de Moscou après un coup d’État manqué le 21 août 1991, lorsque les conservateurs communistes ont tenté de renverser le président Mikhaïl Gorbatchev.
Le 27 août 1991 La Grande Assemblée nationale s’est réunie au centre de Chisinau, et le parlement, réuni en session extraordinaire, a adopté la Déclaration d’indépendance, le drapeau tricolore et l’hymne d’État « Réveillez-vous les Roumains » (que la Roumanie avait également adopté), avec un majorité des voix.
« La République de Moldavie est un État souverain, indépendant et démocratique, libre de décider de son présent, de son avenir sans aucune ingérence extérieure, conformément aux saints idéaux et aspirations du peuple dans l’espace historique et ethnique de son développement national », il était écrit dans la Déclaration d’Indépendance, qui a été adoptée à l’unanimité par les 278 députés présents.
En 1992, le nouvel Etat est devenu membre de l’ONU, et quatre ans plus tard, il est devenu membre du Conseil de l’Europe.
Trois chefs d’Etat européens sont présents ce jour à la fête
A côté de Maia Sandu, sont présents ce jour à Chisinau le président de la Roumanie et ceux de l’Ukraine et de la Pologne.
Plus de 1 200 soldats et policiers défileront dans les rues de Chisinau. Après le défilé militaire, les quatre chefs d’État se retireront pour des entretiens à l’administration présidentielle et feront des déclarations de presse communes.
À son tour, l’Ukraine a célébré mardi 30 ans son indépendance, la veille de l’organisation d’un sommet par le président Volodymyr Zelensky (auquel a participé Maia Sandu) pour lancer la Plate-forme ukrainienne. C’est un mécanisme international de consultation et de communication initié par Kiev, dont l’objectif à long terme est obtenir la libération de la Crimée.
La République de Moldavie 30 ans après l’indépendance
Trois décennies après avoir accédé à l’indépendance, la République de Moldavie est confrontée à des problèmes économiques majeurs et à un exode massif de la population, mais aussi à une crise d’identité. Certains citoyens souhaitent rejoindre l’Union européenne, tandis que d’autres préfèrent une union avec la Russie.
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La République de Moldavie en quête de son identité
La République de Moldavie, un état démocratique émergeant, a une histoire politique très récente, très jeune, n’ayant presque rien hérité de l’histoire politique européenne. La jeune République de Moldavie essaie de rattraper le temps perdu à cause de l’occupation soviétique et elle ne fait qu’appliquer (parfois pas trop assidûment) les valeurs et les libertés démocratiques, pour lesquelles les pays européens ont lutté durant des siècles. Et, franchement, ce rattrapage historique prend du temps. N’oublions que la République de Moldavie dans ses frontières actuelles ne couvre qu’un tiers du territoire de l’ancienne principauté féodale moldave, la plus grande partie du territoire de l’ancienne Moldavie féodale se trouve en Roumanie et une partie en Ukraine.
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La République de Moldavie est un pays en pleine transition vers une démocratie véritable ; c’est un pays en forte dérive identitaire, car, après 100 ans d’occupation tsariste russe et 50 ans d’occupation soviétique, une bonne partie de la population est encore très nostalgique, regrettant la chute de l’URSS ; les mentalités sociales sont marquées par la forte propagande russe, qui continue aujourd’hui encore à travers les 90% des chaines de télévision, diffusées sur tout le territoire (information curieuse : la Russie achète les droits d’auteurs pour les contenus audiovisuels en vertu de la fausse idée de « communauté linguistique russe ») ; les intellectuels et les philosophes du pays plaident tous, sans aucune exception, pour la réunification de la République de Moldavie avec la Roumanie.
La République de Moldavie est fortement affectée par l’exode massif de sa population vers les pays européens ou vers la Russie, un quart de la population aurait quitté le pays depuis son indépendance.
Depuis 1992, s’est vu « mordre » 8% de son territoire suite à la guerre russo-moldave, qui a donné naissance à une zone séparatiste dite « la Transnistrie », où stationne l’armée russe avec 22 mille tonnes d’armements.
La République de Moldavie a ratifié l’Accord d’Association avec l’Union Européenne en 2014, mais cet Accord ne contient aucune référence à l’article 49 du Traité de Lisbonne qui lui donnerait une perspective claire d’adhésion à l’UE.
Depuis 1991 les dirigeants politiques de la République de Moldavie s’alternent au pouvoir autour de deux axes géopolitiques : tantôt pro-ouest, tantôt pro-est. À cause d’un manque d’unanimité visant l’orientation géopolitique de la République de Moldavie, et surtout, à cause de l’insuffisance de la conscience nationale roumaine, ce petit pays, en quête de son identité, est voué à une errance, restant dans la zone grise de l’imprédictibilité, de la corruption et de la faillite.
Les espoirs d’une orientation pro-européenne et démocratique ont été ravivés avec l’élection du président Maia Sandu à la fin de l’année dernière et la formation d’un parlement dominé par les forces réformistes et européennes, à la suite des élections anticipées du 11 juillet 2021.