Jeune française, étudiante en Roumanie : « Etudier à l’étranger m’a beaucoup apporté et m’a sorti de ma zone de confort »
La jeune étudiante Giliane Lamboley, d’origine française, a choisi de faire ses études
à l’Université des Sciences Agricoles et Médecine Vétérinaire de Cluj-Napoca, Roumanie, même si au début elle ne savait pas grand-chose de ce pays de l’Europe de l’Est peu connu en France. « La Roumanie me semblait un choix efficace, pratique et sur tout accessible », explique la jeune femme.
Giliane Lamboley témoigne, dans une interview sur ER NEWS, son expérience en tant qu’étudiante en Roumanie.
ER NEWS : Que savais-tu de la Roumanie avant ton départ et comment la Roumanie est vue en France?
Giliane Lamboley : Je ne savais pas grand-chose concernant la Roumanie. Ma mère est d’origine hongroise, donc j’étais familière avec ce pays-là mais on a très peu traversé la frontière. La Roumanie n’est pas très bien vue malheureusement, bien que les gens deviennent plus ouverts d’esprit et neutres dans leurs opinions. On associe beaucoup les roumains (à tort) avec la communauté roms et avec les stéréotypes qui s’en suivent. Néanmoins notre génération est, je trouve, beaucoup plus tolérante et c’est avec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité que notre promotion est arrivée à Cluj.
Pourquoi as-tu choisi la Roumanie ? Est-ce que c’était ton premier choix ?
Giliane Lamboley : Ce n’était pas mon premier choix; dans un premier temps j’ai essayé de trouver une formation en France. C’est une fois que j’ai été refusé en classe préparatoire que je me suis tournée directement vers la Roumanie. Je ne tenais pas tant que ça à rester en France, et je ne me suis pas penchée sur toutes les options possibles. La Roumanie me semblait un choix efficace, pratique et sur tout accessible. En tout cas, ce n’était pas un choix désespéré.
As-tu certains regrets en ce qui concerne ton choix ?
Giliane Lamboley : Non. La formation vétérinaire apportée à Cluj est non seulement très accessible (en français), rapide(6 ans à l’inverse des 7 ans minimum en France) mais aussi reconnue en France (approbation par l’AEEEV notamment). Le fait d’étudier à l’étranger m’a beaucoup apporté, et ça m’a fait sortir de ma zone de confort.
Y a-t-il des choses à savoir avant de partir en Roumanie ?
Giliane Lamboley : J’aurais voulu être un peu plus préparée au changement d’environnement, de langue et de climat (un peu plus froid qu’ici); mais ce sont des choses communes pour tout voyage à l’étranger. Il faut aussi avoir conscience des démarches une fois sur place: comment trouver un logement et où chercher, obtenir son CNP, s’inscrire sur la liste des français expatriés à l’étranger, si l’assurance européenne est suffisante ou pas…et bien se renseigner avant. En l’occurrence, le CNP et l’inscription à l’ambassade a été prise en charge par la CMC (Communauté Médicale de Cluj), mais par exemple, je ne connaissais pas toutes les modalités pour trouver un logement.
Qu’est-ce qui t’a incité à partir ?
Giliane Lamboley : Ma motivation professionnelle surtout; le rapport de l’école est très bon et n’a rien à envier aux autres écoles européennes; le fait que la formation soit en français. Puis Cluj était décrite comme une ville sympathique et très européenne, les témoignages des étudiants sur place étaient très positifs.
Quand as-tu commencé à préparer ton départ? Quelles ont été tes démarches ?
Giliane Lamboley : Je me suis préparée juste après les résultats des sélections post-bac en France (fin mai il me semble);il y avait beaucoup de groupes Facebook accessibles, tenus par des Français, qui donnaient pas mal de conseils pour la préparation et l’envoi du dossier de candidature. Ensuite je me suis déplacée directement sur place en août pour découvrir la ville, la faculté, et trouver un appartement, avant de partir définitivement début octobre.
As-tu bénéficié d’une aide pour tes études à l’étranger ?
Giliane Lamboley : Financièrement non et c’est dommage; nous restons des français qui étudient, même si expatriés. Administrativement oui, il y a beaucoup d’entraide entre les français présents sur place, et les secrétaires de l’USAMV sont très patientes avec nous pour répondre à toutes nos questions ! Et d’un point de vue du logement, on a des dortoirs accessibles, donc là aussi on est bien accompagné.
As-tu trouvé les formalités difficiles ?
Giliane Lamboley : Ça dépend; au final c’était plutôt facile, c’est surtout l’interprétation des différentes demandes qui étaient un peu complexes (le passage entre deux types d’enseignement notamment, mais aussi la traduction roumain-français des différents documents).
Comment s’est déroulée ton arrivée sur place ?
Giliane Lamboley : J’étais seule mais ça s’est bien passé; Cluj est plutôt petite et fonctionne comme n’importe quelle ville européenne, une fois dans le centre beaucoup de gens parlaient anglais donc c’était simple de demander son chemin ou des renseignements. Il a fallu un petit temps d’adaptation mais j’avais entendu dire que la ville était très safe donc vraiment, une arrivée sans stress!
Comment s’est passée ta période d’intégration ?
Giliane Lamboley : En Roumanie: plutôt bien, même si c’est toujours compliqué au début (premières semaines), mais une fois qu’on a suffisamment de repères, on s’adapte très bien; puis je n’étais pas seule, on est 45 autres français dans ma promotion donc on pouvait découvrir les environs à plusieurs!
As-tu réussi à t’intégrer avec les étudiantes Roumaines ? Tu as réussi à te faire pas mal d’amis sur place ?
Giliane Lamboley : Non, malheureusement. Plusieurs personnes ont essayé de regrouper les deux promotions mais ça a toujours été un peu compliqué; nous ne parlons pas très bien roumain et ne nous sentions pas ‘voulus’ par les promotions roumaines, bien que je pense qu’il s’agisse plutôt de timidité et d’intimidation, des deux côtés. Je suis partie deux ans en Erasmus entre-temps mais j’ai entendu dire que les relations franco-roumaines étaient beaucoup plus cordiales maintenant, et qu’il y avait un vrai partenariat entre les deux (pour établir les dates d’examens, se partager les salles de TP ou organiser des évènements).
Quels ont été les défis au début ? As-tu rencontré des difficultés particulières?
Giliane Lamboley : L’adaptation aux lieux, à la langue, notamment les problèmes administratifs liés à la location de l’appartement; d’un point de vue de la formation, arriver à trouver une méthode de travail efficace tout en jonglant avec les exigences de la formation supérieure: rythme de travail beaucoup plus élevé que le lycée, pas mal de partiels, une totale liberté de gestion; c’était grisant au début, puis on s’adapte et on devient plus efficace (en essayant de ne pas se rater lors des examens…).
Selon ton expérience, quelles sont les principales différences entre l’enseignement supérieur roumain et français?
Giliane Lamboley : En Roumanie il y a une grande majorité des examens qui sont effectués à l’oral, contrairement aux examens français où l’écrit est privilégié; mais globalement, de ce que j’ai entendu, c’est la même chose (administrativement, le fonctionnement d’une université est le même). D’un point de vue de la formation vétérinaire, on a beaucoup plus de pratique en France et moins en Roumanie, mais nous avons une formation théorique à Cluj très globale et très précise: C’est une gestion différente.
Qu’est-ce que tu peux me dire sur l’Université des Sciences Agricoles et Médecine Vétérinaire de Cluj-Napoca?
Giliane Lamboley : Le campus est très joli et la bibliothèque est géniale! L’école est partagée entre plusieurs facultés(agronomie, horticulture, et vétérinaire il me semble), ce qui donne beaucoup de bâtiments différents, assez anciens et très imposants quand on ne connaît pas. Nous avons aussi, en plus des différentes cliniques, un verger et un potager, une salle de sport et plein de structures annexes qui le rendent vivant.
Qu’est-ce que tu as pensé de la ville de Cluj-Napoca?
Giliane Lamboley : J’ai bien aimé; la ville est très vivante, surtout en été (festivals, concerts dans le parc, événements sportifs, théâtre et opéra accessibles). C’est une ville très étudiante avec beaucoup de différentes structures accessibles, que ce soit pour le divertissement, le sport, la culture…Je me suis installée dans le centre pendant plusieurs années, j’aimais beaucoup le grand parc central et courir jusqu’au belvédère, c’est une ville très hétérogène mais pourtant avec une taille et une densité de population assez réduite.
Est-ce que tu as réussi à voyager un peu en Roumanie?
Giliane Lamboley : Pas beaucoup; je suis allée à Brasov, Sinaia, Oradea, Sibiu et Bucarest. Brasov était très sympathique, surtout pour le ski personnellement. Bucarest m’a plu mais c’est une ville avec une envergure imposante, j’étais un peu perdue par rapport à Cluj qui est plus accueillante dans ses dimensions.
Quels sont tes endroits préférés en Roumanie ?
Giliane Lamboley : Brasov, notamment Poiana Brasov, où j’ai passé beaucoup de mes vacances, où j’ai appris à skier et j’ai fêté le carnaval plusieurs fois. J’ai beaucoup aimé aussi les salines de Turda, c’était très impressionnant.
Quels sont tes meilleurs conseils pour les voyageurs en Roumanie ?
Giliane Lamboley : Bien se préparer en avance: les compagnies ferroviaires roumaines sont très différentes des nôtres , et surtout ne pas hésiter à demander son chemin! Je rajouterai de ne pas avoir peur du retard et prévoir de l’avance, mais globalement le train est très safe, je n’ai jamais eu de problème ! Je conseillerai aussi d’apprendre quelques mots de roumains, ne serait-ce que pour dialoguer avec les conducteurs, et de ne pas hésiter à se rendre sur place directement. Personnellement, j’ai trouvé que le meilleur moyen de voyager restait sa propre voiture (sauf en hiver); les paysages sont vraiment superbes, il y a plein de petits villages qui deviennent accessibles, et surtout ne pas hésiter à faire des randonnées; c’est vraiment le point fort du pays.
La vie en Roumanie en dehors des cours ?
Giliane Lamboley : Elle est très douce; je me suis inscrite à pas mal de groupes bénévoles ou sportifs (que ce soit la danse, le théâtre, le running, la protection animale…), puis il y a beaucoup de sorties possibles. Pour peu qu’on se penche dessus, il y a beaucoup de groupes accessibles pour travailler notre roumain, rencontrer d’autres expatriés, dialoguer…
Quels conseils donnerais-tu à nos lecteurs qui souhaitent partir vivre en Roumanie?
Giliane Lamboley : Je leur conseillerai de se rendre sur place d’abord, de visiter dans un premier temps la ville dans laquelle ils souhaiteraient s’installer; ne pas hésiter à parler avec d’autres expatriés (il y a plein de groupes Facebook), se renseigner sur les conditions de vie aussi (les salaires varient beaucoup selon les professions). Et d’apprendre le roumain le plus tôt possible, c’est vraiment quelque chose qui vous facilite la vie!
Est-ce que tu as appris le roumain? Difficile à comprendre au début ?
Giliane Lamboley : On a eu 3 semestres de roumain inclus dans notre formation; c’était vraiment basique, puis je suis partie en Erasmus et le peu de connaissance que j’avais s’est volatilisé (le confinement n’a pas aidé). Néanmoins, étant une langue d’origine romaine, c’est très facile d’accès, et beaucoup de collègues de co-promo maîtrisent très bien la langue. Il y a des cours accessibles via l’institut français, et des échanges en tandem possibles.
Une expérience qui t’a marqué en particulier ?
Giliane Lamboley : Une fois je me suis perdue en allant courir, je me suis retrouvée en pleine campagne roumaine, à plusieurs kilomètres de la ville. Je ne parlais pas roumain, alors je suis entrée dans le jardin d’un habitant pour lui demander mon chemin, du mieux que je pouvais. Au début il semblait réticent, puis il m’a carrément accompagné jusqu’à chez moi, alors qu’on était incapable de communiquer. J’ai trouvé ça très touchant et très marquant, surtout quand notre propre pays n’est plus un exemple de tolérance ou d’accueil.
Un dernier mot sur tes plans professionnels pour finir ?
Giliane Lamboley : Je serai (si tout va bien) diplômée cet été. J’espère réussir le concours d’internat entre-temps et prolonger sur un résidanat. Je suis sûre qu’avec toutes les connaissances acquises à Cluj ce sera facile, mais je n’ai qu’une envie c’est de commencer à pratiquer!
Propos recueillis par Ana Scripliuc
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