Etudiante Erasmus en France : « Après le deuxième confinement, la pire chose était la peur d’être touchée par le coronavirus »
L’année 2020 marquée par l’épidémie de Coronavirus est vécue avec beaucoup d’anxiété et d’incertitude par les étudiants qui participent à un Erasmus. La crise du Covid-19 a bouleversé les attentes des jeunes. L’isolement, les cours en ligne, le manque d’interaction avec les enseignants et les collègues ont profondément marqué l’année 2020.
Nicoleta Robu, originaire de Floresti, République de Moldavie, étudiante à la Faculté d’économie et d’administration des affaires à l’Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iasi, en Roumanie, fait un échange Erasmus à Rouen. Nicoleta témoigne dans une interview sur ER NEWS, son expérience en tant qu’étudiante Erasmus en France.
ER NEWS : Pour commencer, pourriez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre parcours ?
Nicoleta Robu : Comme chaque livre commence avec une petite introduction afin de le comprendre mieux, je vais débuter aussi avec une petite intro de mon parcours. Je m’appelle Robu Nicoleta, étudiante en finance à L’Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iași, Roumanie. En finissant la licence en Finance et banques il y a 2 années, j’ai continué mon parcours avec un master en Banques et marchés financiers à la même Université. Je suis une personne qui aime changer d’ambiance, apprendre de nouvelles choses et découvrir de nouvelles cultures. Pour cela, en 2017, j’ai décidé de poursuivre mes études en France avec un programme Erasmus.
J’étais prête de faire face aux différents défis, car j’avais déjà vécu l’expérience d’étudier loin de ma famille auparavant. Grâce à cela, maintenant je suis à la troisième bourse Erasmus.
Comment s’est passée votre arrivée en France ?
Nicoleta Robu : Ma première arrivée en France (2017)- une vraie aventure ! C’était la deuxième fois que je prenais l’avion. J’avoue que j’étais dans « le 7ème ciel de la joie ». Je voyais les métros de Paris comme un labyrinthe où c’était peu probable de trouver la sortie et les rues si pleines, que de les traverser avec deux valises c’était un vrai défi. Tout cela juste pour vous décrire mes sensations d’infériorité, dans un monde si grandiose que je venais de découvrir, mais en même temps la curiosité folle qui remplissait mon cœur.
Je me souviens en rigolant du moment quand j’ai demandé un français quel bus dois-je prendre pour aller à la résidence et comme il avait compris que le mots « résidence », il m’a accompagné jusqu’à l’arrêt de bus pour être sûr que je suis monté dans le bon. Une fois montée, je suis restée sans arrêt regarder l’écran d’affichage pour savoir quand je dois descendre. La blague c’était que la résidence était loin de la gare et j’ai regardé l’écran environ 30 minutes.
Bien sûr que maintenant ce n’est plus pareil, mais à chaque retour en France j’ai de nouvelles histoires.
Comment se sont passés vos premiers jours à l’université ?
Nicoleta Robu : En 2017-2018 j’ai fait mon Erasmus à Poitiers, en 2019-2020- à Reims et maintenant 2020-2021 à Rouen. J’avoue que chaque ville est différente, mais toutes les trois m’ont très bien accueillie. Je trouve même que j’ai eu de la chance (grâce aux conseils de Mme. Moisa et M. Zugravu) de choisir pour le début une petite ville, car dans les petites c’est plus facile à s’adapter et même les habitants sont plus accueillants.
Ce que j’aime bien dans la vie Erasmus sont les sentiments vécus dans chaque nouvelle université et les rencontres avec les professeurs et les collègues. Chaque expérience reste intéressante et unique.
Est-ce que vous vous sentez bien intégrés dans l’école ? À la fois avec les étudiants étrangers et avec les étudiants français ?
Nicoleta Robu : Du coté intégration, la société joue un rôle très important. Je pense que chacun d’entre nous se sentira intégré en France. En même temps, j’ai remarqué que les étudiants français ne sont pas si unis, et que la concurrence entre eux est très élevée. À cause de cela, c’est un peu compliqué de quémander un cours d’auprès les collègues en leurs expliquant que tu ne réussis pas à suivre le professeur. C’est un peu chacun pour soi.
En quoi cette expérience vous a-t-elle aidée dans votre parcours universitaire ?
Nicoleta Robu : Toute expérience rend notre personnalité plus forte. Quant au français, cette langue étrangère m’aide à trouver beaucoup plus d’information pour mes devoirs. De plus, c’est un point fort dans un entretien le fait de maitriser plusieurs langues.
Comment fait-vous vos études en ce moment de l’épidémie de Covid-19 ?
Nicoleta Robu : C’est une période difficile car le confinement nous impose de rester chez soi, étudier à distance et ne pas rencontrer nos amis.
Pour le moment je suis en période d’examens. Certains seront organisés en présentiel, tout en respectant le protocole sanitaire et d’autres à distance. Personnellement, je souhaiterais qu’on revienne à l’état normal le plus tôt possible, car j’apprécie beaucoup le contact avec les gens.
Quelles sont vos plus grosses difficultés en cette période particulière liée à la crise sanitaire ?
Nicoleta Robu : L’un des plus grosses difficultés est de se confiner toute la journée et d’entendre jours après jours le nombre de cas augmentant. Aussi c’est très difficile à trouver une motivation, à projeter l’avenir. Le fait que tout reste imprévu me perturbe. Après le deuxième confinement, je peux dire que la pire chose était la peur d’être touchée par ce virus.
Je ne suis pas une personne qui aime vivre dans la solitude et quand tout ce que tu aimes c’est interdit, tu commences à être très douteux, très perturbé. De plus, le fait de ne pas savoir si tu peux ou pas rentrer dans ton pays d’origine, te stresse beaucoup. J’espère bien de ne plus revivre ces sentiments.
Qu’avez-vous appris de la culture française ?
Nicoleta Robu : En vivant en France mes trois expériences, j’ai appris d’être plus libre. Ce n’est pas par hasard leur devise : « Liberté, égalité, fraternité ». Tout le monde est libre de s’exprimer, de s’habiller comme ils veulent, d’actionner comme ils sentent. Et il n’y aura personne pour les juger. J’avais un choc culturel au début, mais j’ai vite aimé cela. De plus, j’ai appris d’être souriante avec tout le monde et de proliférer le bonheur.
Avez-vous un fait marquant à nous partager ?
Nicoleta Robu : Quand j’étais à Poitiers j’ai vécu plusieurs moments qui m’ont marqué, car j’étais en phase d’apprendre cette culture.
Un jour, en voulant ouvrir un compte bancaire, je me suis trompée de rue et je suis rentrée dans une autre filière bancaire. Quand le banquier à compris ou je voulais aller, il a essayé de me dessiner une carte et il est même sorti pour me montrer la bonne direction. Cela m’a facilité mon trajet. J’ai trouvé ce geste très gentil de sa part et je me suis rendu compte combien un petit geste peut te rendre en bonne humeur toute la journée.
Si vous deviez motiver un étudiant pour qu’il franchisse le pas, que lui diriez-vous ?
Nicoleta Robu : Chacun d’entre nous essaye de faire des choses pour accomplir un rêve. Sans un rêve ou un but final, on ne va jamais oser faire un pas. Je voulais à ce point vivre en France (comme les russes aiment bien dire : « voir Paris et mourir ») que je n’avais pas pensé aux difficultés qui puissent apparaître. Grâce à la naïveté que j’ai eu et au désir d’accomplir mon rêve, j’ai franchis le pas.
Maintenant je suis très contente et je sais que tout est possible s’il y a un très grand désir. L’énergie a, en général, un grand pouvoir. Elle joue sur notre état d’esprit à court terme comme au long terme. En étant en période du confinement, je me suis aperçu que même si je suis privée de beaucoup de choses que j’aime, j’ai la santé et j’ai des gens qui sont mentalement avec moi. Tout ce qui se fait, se fait pour notre bien. D’après moi, c’est la phrase idéale pour motiver une personne à franchir le pas, parce que « Vaut mieux avoir des remords que des regrets » (Oscar Wilde).
Propos recueillis par Elena Robu