Comment retrouve-t-on la francophonie au quotidien dans les pays de l’Europe de l’Est
« La République de Moldavie, aussi bien que la Roumanie, ont des traditions culturelles très étroites liées à la langue et à la culture française, des traditions qui remontent surtout au XIX-e siècle – le siècle de l’émancipation et la constitution de la nation roumaine. Les mobilités intellectuelles de et vers la France, l’affirmation de la France en tant que théâtre politique, social et artistique de l’Europe, ont profondément marqué la pensée, la création artistique et l’écriture littéraire roumaine », explique dans une interview sur ER NEWS France, Ana Guțu, professeure universitaire, secrétaire d’état au Département pour la relation avec la République de Moldavie (Gouvernement de Roumanie), chevalière de l’Ordre de la Légion d’Honneur de la République Française.
Interrogée sur la francophonie au quotidien en Moldavie et en Roumanie, Ana Guțu precise que la francophonie garde sa place dans les établissements scolaires et universitaires.
« Le début du XX-e siècle, avec la tumultueuse quête de la paix, mais aussi suite à la révolte et à la guerre, allait déclencher un exode des talents littéraires, philosophiques et artistiques de la Roumanie vers la France.
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La République de Moldavie, dont le territoire couvre une bonne partie de l’ancienne Bessarabie (territoire roumain annexé par l’Empire Tsariste Russe en 1812), a également fait preuve de cette sympathie pour la France, sa culture et sa langue, surtout après 1918, durant la période de la Roumanie Grande, la France ayant été le pays qui a fortement appuyé la réunification de la Bessarabie avec la Roumanie lors de la Conférence de Paix de Paris en 1919.

La francophonie est un phénomène plus récent qui va au-delà de la francophilie, même si l’amour pour la langue française et la culture française reste le noyau dur de la francophonie en Roumanie et en République de Moldavie.
Au début des années ’90 le nombre d’élèves étudiant le français dans les écoles atteignait en République de Moldavie les 70%. Hélas, la République de Moldavie, de même que la Roumanie, n’a pas échappé à la tendance générale de se pencher plutôt vers l’anglais, le français cède la place à l’anglais dans les écoles et dans les universités.
Cela n’empêche, pourtant, que la francophonie garde sa place dans les établissements scolaires et universitaires. En République de Moldavie des classes bilingues dans les lycées, des filières francophones dans les universités font vivre les valeurs de la francophonie à travers l’éternel amour pour le français et les valeurs culturelles qu’il fait véhiculer », a-t-elle détaillé dans l’interview pour ER NEWS France.
Bionote : Mme Ana Guțu est professeur des universités, docteur ès-lettres, auteur d’environ 500 publications, de nationalité roumaine, ayant la citoyenneté de la Roumanie et de la République de Moldavie. Elle écrit ses ouvrages en français et en roumain, ses préoccupations scientifiques visent les domaines de la philosophie du langage, de la traductologie, de la terminologie et de la sociolinguistique. Ana Guțu a été activement impliqué dans les activités de la francophonie universitaire, assumant le statut de membre des instances de l’Agence Universitaire de la Francophonie entre 2009-2017. Ana Guțu est chevalière de l’Ordre de la Légion d’Honneur de la République Française, elle est décorée de l’Ordre „L’Etoile de la Roumanie” en grade de Grande Croix (2014), ainsi que de „L’Ordre de la République” de la République de Moldavie (2014), elle détient également la médaille et le titre de Membre Honorifique à vie de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. À partir du 16 janvier 2020 Ana Guțu assume la fonction de secrétaire d’état au Département pour la Relation avec la République de Moldavie (DRRM) dans le Gouvernement de la Roumanie.